Chansons des champs, la deuxième partie du recueil Les pommiers en fleur : idylles de France et de Normandie (1891) d’Émile Blémont, comprend de nombreux poèmes d’amour, écrits dans un style léger et joyeux. Par exemple le 6e, « La douce chanson », a pour refrain : « — Mon amie, embrassons-nous, / Tout doux, tout doux ! / — Embrassons-nous, mon amant, / Tout doucement ! »
Les deux poèmes que je choisis aujourd’hui évoquent les amours d’enfance et résonnent comme des comptines. Au printemps, les prés fleurissent, les cœurs s’éveillent, garçons et filles recherchent les baisers.
I
LISON
Le printemps rit à l’horizon ;
Laisse-moi te baiser, Lison !
Vive la violette
Parmi le vert gazon,
Lison !
Un bel oiseau volette
Sur les fleurs du buisson,
Lison !
Et pour chaque fillette,
Et pour chaque garçon,
Lison !
Il chante à l’aveuglette,
Il chante sa chanson,
Lison !
Chanson si gentillette
Qu’on en perd la raison,
Lison !
Lison, baise-moi sans façon !
Le printemps rit à l’horizon.
Pourquoi enfermer son cœur, quand s’éveille l’amour ? Qu’il fleurisse, c’est le printemps !
IV
LE PETIT CŒUR DE JEANNE
Jeanne, ma brunette,
Voici le printemps !
Tout est vert, j’entends
La bergeronnette.
Ton petit cœur en bouton,
Le sens-tu fleurir, Jeannette ?
Ne mets pas dans du coton
Ton petit cœur, Jeanneton !
D’un amant honnête
Écoute la voix,
Et viens dire aux bois
Notre chansonnette !
Ton petit cœur en bouton,
Le sens-tu fleurir, Jeannette ?
Ne mets pas dans du coton
Ton petit cœur, Jeanneton !
En simple cornette,
Viens un tantinet ;
Puis, au jardinet,
Faisons la dînette !
Ton petit cœur en bouton,
Le sens-tu fleurir, Jeannette ?
Ne mets pas dans du coton
Ton petit cœur, Jeanneton !
Merci à François Lemonnier pour avoir attiré mon attention sur le poème « Le petit cœur de Jeanne », et par conséquent sur ce recueil.
Source des poèmes : Émile Blémont, Les pommiers en fleur : idylles de France et de Normandie, Charpentier, Paris (1891), sur Gallica (disponible en PDF).
Précédemment publié sur Agapeta, 2016/01/15.