Dans Chansons des champs, la deuxième partie du recueil Les pommiers en fleur : idylles de France et de Normandie d’Émile Blémont, beaucoup de poèmes traitent de l’amour sur un ton léger, présageant des relations de courte durée et des sentiments papillonnant d’une fille à une autre. Par contre le poème qui suit exalte la beauté d’un amour unique, durable et fidèle, aspiration secrète qui s’est longtemps heurtée aux déconvenues de la vie.
XXIV
CŒUR FIDÈLE
Lise, je t’ai toujours aimée
Et n’ai pas eu d’autres amours ;
Dût ta porte m’être fermée,
Lise, je t’aimerai toujours.
Où luit ton sourire, la rose
S’ouvre et voudrait suivre tes pas ;
Où ton beau regard bleu se pose,
Fleurit le ne-m’oubliez-pas.
Le soir, quand ta voix fraîche et tendre
Monte vers le firmament pur,
Les astres d’or, pour mieux l’entendre,
S’envolent de leurs nids d’azur.
Les cieux qu’on nous vante à l’église,
Sans toi me paraîtraient maudits ;
Mais l’enfer où je t’aurais, Lise,
Serait pour moi le paradis.
Source du poème : Émile Blémont, Les pommiers en fleur : idylles de France et de Normandie, Charpentier, Paris (1891), sur Gallica (disponible en PDF).
Précédemment publié sur Agapeta, 2016/04/12.