Hélène de Fonsèque (1545–1618), fille de René de Fonsèque, baron de Surgères, et d’Anne de Cossé, entra au service de la reine Catherine de Medicis en 1566 en tant que fille d’honneur, puis fille de chambre de la reine de 1567 à 1578. Elle rencontra Pierre de Ronsard (1524–1585) en 1568. Le poète, âgé de 44 ans, tomba amoureux de cette jeune femme de 23 ans, qui fut sa muse jusqu’en 1574.
Ronsard adressa à Hélène de nombreux sonnets au style inspiré de Pétrarque, y exprimant son amour platonique pour cette belle qui restait indifférente. La reine Catherine de Médicis encourageait Ronsard à courtiser Hélène par vers interposés, afin de la consoler de la perte de son amant à la guerre. Il en sortit une œuvre de commande, le recueil Sonnets pour Hélène paru en 1578.
Aux deux livres du recueil s’ajoutent des pièces publiées plus tardivement, en particulier « Huit Sonnets de Pierre de Ronsard pour Helene de Surgères Imprimés pour la première fois, et sans distinction de Livre, en 1609 ». Je reproduis ici le premier, un chef-d’œuvre de sensualité et d’amour.
Maistresse, embrasse moy, baize moy, serre moy,
Haleine contre haleine, échauffe moy la vie,
Mille et mille baizers donne moy je te prie,
Amour veut tout sans nombre, amour n’a point de loy.
Baize et rebaize moy ; belle bouche, pourquoy
Te gardes tu là bas, quand tu seras blesmie,
A baiser (de Pluton ou la femme ou l’amie)
N’ayant plus ny couleur, ny rien semblable à toy ?
En vivant presse moy de tes levres de roses ;
Begaye, en me baisant, à levres demy-closes
Mille mots trançonnez, mourant entre mes bras.
Je mourray dans les tiens, puis, toy resuscitée,
Je resusciteray ; allons ainsi là bas,
Le jour tant soit-il court vaut mieux que la nuitée.
Source du poème : Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, Introduction et notes de Roger Sorg, éditions Bossard, Paris (1921), numérisé sur Internet Archive. Le poème, page 213, a été transcrit par Wikisource, avec des erreurs corrigées ici.