La risette, par Victor Delbergé

Émile Munier - Portrait de Marie-Louise
Émile Munier – Portrait de Marie-Louise (1879) – provient de emilemunier.org

L’écrivain occitan Victor Delbergé naquit le 1er mars 1850 et mourut en septembre 1920. On sait peu de choses sur sa vie, il participa à diverses revues littéraires. En 1880 il publia sous l’égide de l’Académie des muses santones un court recueil de vers sous le titre Mes baisers de vingt ans. Comme il l’explique dans la préface, il s’agit d’une œuvre de jeunesse écrite juste avant son vingtième anniversaire, qui dormit ensuite dans un tiroir, jusqu’à ce qu’il reprenne ces poèmes et choisisse le titre du recueil.

Comme on peut le deviner d’après ce titre, les baisers et plus généralement l’amour sont les thèmes majeurs de ce recueil. Un de ses derniers poèmes, intitulé « Dernier baiser » et dédié « A mes Lectrices », indique qu’il préfère les demoiselles aux dames :

Ayant donné toute son âme,
Ses chansons, sans aucun souci,
Lectrice, si vous êtes femme,
Le poète dira : « Merci. »
Mais, si vous êtes demoiselle,
Vous allez bien l’embarrasser.
Ne soyez pas jalouse d’Elle
Et prenez son dernier « Baiser. »

Octobre 1879.

Six de ses poèmes sont dédiés à une Mademoiselle Lucie Planques ; dans le premier de ceux-ci, intitulé « Mes baisers », il lui déclare son amour brûlant et la proclame sa muse. Trois autres sont dédiés à ses sœurs. J’ai choisi un poème dédié à une petite fille :

LA RISETTE

A ma petite Marie Casse.

Jadis belle, toute frisette,
Tu venais sur mes deux genoux.
Tu me montrais ta collerette,
Et riais de mon air jaloux.

Ta mère, te voyant sourire,
S’enivrait dans son doux amour,
Et voulant la part de ton rire,
Elle te prenait à son tour.

Mais de loin tes lèvres mutines
Me souriaient toujours, toujours…
Où sont vos chansons enfantines,
Joyeux enfants, jolis amours !

Venait la nuit, dans ta chambrette
Tu souriais pour le bonsoir,
Et ta main si blanche et finette
S’agitait pour dire : « au Revoir. »

Puis ta bouche si mignonette
Réclamait sa part du butin,
Et du demandais, ma frisette,
Le baiser du soir au matin.

Alors tu t’endormais tranquille,
Et ta mère, d’un air jaloux,
Auprès de ton berceau mobile,
Veillait sur toi, priait pour nous.

Mars 1879.

Source des poèmes : Académie des muses santones : Victor Delbergé, Mes baisers de vingt ans, poésies. Rodez : Imprimerie II. De Broca (1880). Numérisé sur Gallica. Le poème « La risette » est page 19.

Le poème « La risette » a été transcrit dans la collection de textes L’Univers sensuel, sexuel et sentimental de la Fillette impubère, au travers de l’Histoire, de l’Ethnographie et de la Littérature, Tome I : Interactions entre enfants par François Lemonnier. Merci à lui pour avoir attiré mon attention sur cet auteur et ce livre.

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