Dans Les matins d’or et les nuits bleues, la première partie du recueil Les pommiers en fleur : idylles de France et de Normandie d’Émile Blémont (1891), j’ai choisi ce beau poème, plein de tendresse, où l’auteur chante l’éveil et l’amour envers sa « petite inspiratrice », avec qui il veut être « comme Dante et Béatrice » et cueillir des fleurs qui ne se faneront jamais.
XVII
AU SAUT DU LIT
Sur les êtres et les choses
S’ouvrent les yeux bleus du jour ;
L’Aurore effeuille des roses
Pour le réveil de l’Amour.
O songeuse que j’adore,
Si ton dernier rêve est doux,
La vie est plus douce encore :
Ne dors plus ! embrassons nous !
Tout semble ici-bas renaître.
Quel bon soleil, quel air pur !
Viens chanter à ta fenêtre,
Le front dans l’or et l’azur !
Debout ! et qu’on se dépêche !
Ce matin, pour les amants,
Les fleurs, en toilette fraîche,
Ont mis tous leurs diamants.
Ce matin, parmi les branches
Aux chatoyantes couleurs,
Flotte sur les vapeurs blanches
L’âme divine des fleurs.
Ma petite inspiratrice,
Errons aux champs ce matin,
Comme Dante et Béatrice
Dans le céleste jardin !
Vois ! la terre au ciel ressemble :
Ses fleurs, je te le promets,
Si nous les cueillons ensemble,
Ne se faneront jamais.
Source du poème : Émile Blémont, Les pommiers en fleur : idylles de France et de Normandie, Charpentier, Paris (1891), sur Gallica (disponible en PDF).
Précédemment publié sur Agapeta, 2016/01/17.