Voici un troisième poème du recueil Chansons, une ode pleine de vie à la nature, la musique et l’amour.
MUSIQUE
A mon ami Rouen.
Sapin qui chante
Des airs tristes qui font pleurer,
Sanglots d’une plaintive amante
Qui soupire sans espérer !
Herbe qui pousse et qui frissonne,
Roseau qui tremble et qui bourdonne…
C’est la musique des amours,
De nos cœurs et de la nature.
C’est l’éternel murmure
Et l’écho des nuits et des jours.
C’est la musique des amours :
O Marinette, aimons toujours !
Flot qui murmure,
Saule qui gémit quand le vent
Eparpille sa chevelure,
Ruisseau qui roule en serpentant,
Chansons d’oiseaux sous le feuillage,
Chêne qui gronde et bruit d’orage…
C’est la musique des amours,
De nos cœurs et de la nature.
C’est l’éternel murmure
Et l’écho des nuits et des jours.
C’est la musique des amours :
O Marinette, aimons toujours !
Chants de la plante,
Des blés qui font craquer le sol,
Bruissements de la sève ardente,
Chansons des nuits du rossignol,
Soupirs de tout ce qui bourgeonne,
Chants du printemps et de l’automne…
C’est la musique des amours,
De nos cœurs et de la nature.
C’est l’éternel murmure
Et l’écho des nuits et des jours.
C’est la musique des amours :
O Marinette, aimons toujours !
Cette musique
Amoureuse à rendre amoureux,
Simple, farouche et poétique,
Triste comme tes grands yeux bleus ;
Cette musique tendre et douce
Donnée à l’herbe, aux brins de mousse…
C’est la musique des amours,
De nos cœurs et de la nature.
C’est l’éternel murmure
Et l’écho des nuits et des jours.
C’est la musique des amours :
O Marinette, aimons toujours !
Plus près encore,
O Marinette, approchez-vous !
Un bon baiser tendre et sonore,
Des mots bien pensés et bien doux ;
Cœur qui soupire, amour qui mine
Et chante bien dans la poitrine…
C’est la musique des amours,
De nos cœurs et de la nature.
C’est l’éternel murmure
Et l’écho des nuits et des jours.
C’est la musique des amours :
O Marinette, aimons toujours !
Vallée d’Hyères, 1864.
Musique de Darcier.
Source du poème : Chansons de J.-B. Clément, Paris : Imprimerie Georges Robert et Cie (1885), numérisé sur Internet Archive. Le poème est page 271.