Sous le chalet, par Victor Delbergé

Diana Korobkina - Orage
Diana Korobkina – Orage

Certains lieux isolés, où on peut se cacher, sont propices à l’amour. Delbergé écrit ainsi dans les derniers vers du poème « Horizon» :

Je n’avais pu trouver, je crois,
Cette maison où dans l’enfance
Nous avions aimé tant de fois.

Les tempêtes et les orages font de ces lieux des refuges opportuns, favorables à l’éclosion de l’intimité amoureuse :

SOUS LE CHALET

A Mlle Lucie P.

Les éclairs sillonnaient la nue ;
Ta petite main dans ma main,
Tu te cachais toute éperdue
Quand l’éclair paraissait soudain.

Mais moi saisissant son passage,
Lorsqu’il remontait vers les cieux,
Tremblant, je voyais mon image
Dans le miroir de tes yeux bleus.

Ma main alors pressait la tienne,
Mes lèvres recherchaient ton front.
Tes beaux cheveux d’un noir d’ébène,
M’effleurant, donnaient le frisson.

A ce contact mon cœur palpite,
Mes lèvres volent des baisers,
Mais ton joli front fuit bien vite.
Doux instants, trop vite passés.

Que je voudrais les voir encore,
Ces beaux sourcils, ces jolis yeux ;
Mais l’éclair qui brille et qui dore,
Disparaît dans le fond des cieux.

Adieu donc, belle fiancée,
L’heure a sonné, je dois partir,
Sur ton front ma lèvre posée
Te dit « Bonsoir»  ; je vais dormir.

Août 1879.

Source du poème : Académie des muses santones : Victor Delbergé, Mes baisers de vingt ans, poésies. Rodez : Imprimerie II. De Broca (1880). Numérisé sur Gallica. Le poème est page 49.

Ce poème a été transcrit dans la collection de textes L’Univers sensuel, sexuel et sentimental de la Fillette impubère, au travers de l’Histoire, de l’Ethnographie et de la Littérature, Tome I : Interactions entre enfants par François Lemonnier. Merci à lui pour avoir attiré mon attention sur cet auteur et ce livre.

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