Le poète français Charles Marie René Leconte de Lisle (1818–1894) est considéré comme un chef de file du mouvement parnassien en poésie ; en réaction au lyrisme subjectif et sentimental du romantisme, celui-ci prônait un art impersonnel et la recherche de la beauté formelle, des poèmes ciselés comme des sculptures, préfigurant le slogan de « l’art pour l’art ».
Le premier recueil de vers de Leconte de Lisle, Poèmes antiques, parut en 1852 avec l’orthographe Poëmes antiques, publié par la Librairie de Marc Ducloux à Paris. De nouvelles éditions, contenant plus de poèmes, furent publiées par Alphonse Lemerre à Paris, la dernière en 1891 fait référence.
Les éditions Lemerre de 1886 et 1891 contiennent une section intitulée Chansons écossaises, inspirée des œuvres du poète écossais Burns. Le 4e poème de cette section reprend, avec une ponctuation légèrement remaniée, le 26e de l’édition de 1852 ; c’est un des poèmes les plus connus de Leconte de Lisle :
LA FILLE AUX CHEVEUX DE LIN.
Sur la luzerne en fleur assise,
Qui chante dès le frais matin ?
C’est la fille aux cheveux de lin,
La belle aux lèvres de cerise.
L’amour, au clair soleil d’été,
Avec l’alouette a chanté.
Ta bouche a des couleurs divines,
Ma chère, et tente le baiser !
Sur l’herbe en fleur veux-tu causer,
Fille aux cils longs, aux boucles fines ?
L’amour, au clair soleil d’été,
Avec l’alouette a chanté.
Ne dis pas non, fille cruelle !
Ne dis pas oui ! J’entendrai mieux
Le long regard de tes grands yeux
Et ta lèvre rose, ô ma belle !
L’amour, au clair soleil d’été,
Avec l’alouette a chanté.
Adieu les daims, adieu les lièvres
Et les rouges perdrix ! Je veux
Baiser le lin de tes cheveux,
Presser la pourpre de tes lèvres !
L’amour, au clair soleil d’été,
Avec l’alouette a chanté.
Ce poème inspira au compositeur Claude Debussy une mélodie (de même titre) composée en 1881, qui est incluse dans le livre 1 de ses Préludes, sous le numéro 8. Ce morceau est généralement joué sur piano, voici une interprétation :
Lang Lang — “Claude Debussy, La Fille aux cheveux de lin”
Il en existe également des versions pour orchestre.
Ce poème inspira probablement “Fleur-des-blés” d’Émile Blémont, publié dans son recueil Les pommiers en fleur : idylles de France et de Normandie de 1891. Dans le poème de Blémont comme dans celui de Leconte de Lisle, l’alouette chante la beauté d’une fille aux cheveux blonds.
Soure du poème: Leconte de Lisle, Poèmes antiques, Alphonse Lemerre, éditeur (1886, 1891), numérisé sur Internet Archive, transcription hypertexte sur Wikisource. La version précédente de l’édition de 1852 est également transcrite sur Wikisource.