Georges Gourdon est un poète et journaliste de la Charente-Maritime, né à Vandré le 22 avril 1852 et mort à Rochefort le 19 décembre 1915. En 1910 il publia le recueil Le chemin de la vie, qui obtint en 1911 le Prix de Poésie de l’Académie française.
J’y ai choisi ce poème d’amour adressé à une petite fille :
A UNE ENFANT
O ma fleur de Saintonge, Yvonne aux yeux d’azur,
Belle naïvement, comme le ciel est pur,
Sans art et sans apprêts dans ta grâce première,
Ta vue est pour mes yeux une douce lumière
Et pour mon cœur, jonché de souvenirs défunts,
Le plus cher et le plus suave des parfums.
Sur la route du temps, où fléchit mon courage,
Des jours si vite enfuis je remonte le cours,
Et revois dans les traits de ton jeune visage
Tous mes rêves d’enfant et mes pures amours !
Chez le poète, la vue de la petite fille évoque probablement le souvenir d’un amour d’enfance. En effet, dans la préface du recueil, Gabriel Audiat écrit page XX :
Il a aimé, c’est clair, puérilement d’abord, la petite Madeleine de la Flûte de bouleau, la petite Blanche des Muguets…. Puis, à quelque grande demi-sœur ou cousine, une « Yvonne aux blonds cheveux », plus âgée que lui — c’est ainsi que cela arrive, — son imagination et la jeune ferveur de ses quinze ans se sont purement, mystiquement attachées.
Puis page XXII :
Ainsi à trente-cinq ans l’on soupire. Me trompé-je en pensant que, c’est à la même « Yvonne », à la même « fleur de Saintonge » que vont aujourd’hui, par-dessus la tête de quelque fillette qui la rappelle, les vers mélancoliques adressés A une enfant.
Source du poème et de la citation : Georges Gourdon, Le chemin de la vie, 1880-1910 ; avec préface-étude de Gabriel Audiat, Paris : A. Lemerre (1910), numérisé sur Gallica (disponible en PDF). Le poème est page 167.