Nous étions deux enfants… par Fernand Gregh

John George Brown
John George Brown

Voici mon deuxième choix de vers dans la première section du recueil La Maison de l’enfance. Comme le précédent, ce beau poème évoque avec nostalgie l’amour d’enfance perdu de l’auteur.

NOUS ÉTIONS DEUX ENFANTS…

Nous étions deux enfants étonnés et joyeux
Deux purs enfants heureux d’être au monde, pourtant
Graves, mais étourdis et rieurs, et portant
Leur joie épanouie aux fleurs que sont leurs yeux.

Le monde autour de nous, matin mystérieux,
Luisait dans un brouillard sonore et palpitant ;
Nous marchions dans une aube éternelle, en chantant,
Les doigts entrelacés sous la bonté des cieux.

Un nuage, une fleur nous jetaient dans l’extase ;
Notre âme se sentait éblouie et comme ivre,
Nous devinions qu’il est un mystère de vivre ;

Et puis nous n’étions plus qu’un beau couple qui jase,
Deux oiseaux sur la même branche, au bord du nid,
Qui se laissent bercer au vent de l’infini…

Octobre 1896.

Source du poème : Fernand Gregh, La Maison de l’enfance, Paris : Calmann Lévy (1900), numérisé sur Internet Archive. Le poème est page 20.

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