L’Irréparable, par Fernand Gregh

Carl Lepper - Sans titre
Carl Lepper – Sans titre (c.1926) – provient de Pigtails in Paint

Voici ma dernière sélection dans la première section du recueil La Maison de l’enfance. Deux enfants ont découvert les délices de l’amour charnel. Mais la transgression porte en elle la culpabilisation. Alors viennent les regrets, le sentiment d’avoir brisé quelque chose en eux.

L’IRRÉPARABLE

Qu’avons-nous fait, ma triste enfant, ma pâle amie !
Quel fut ce tourbillon d’ivresse, où nos deux âmes
Ont fui dans les baisers, les sanglots et les flammes,
Pour retomber sans force et mortes à demi…

Quels furent ces frissons douloureux et sublimes
nous étions heureux en sanglotant, hymen
Doux et cruel, sommet brûlant d’extase humaine,
Vertige du bonheur emporté sur les cimes…

Hélas ! qu’avons-nous fait ? Le soleil sous les branches
Joue et rôde, et le vol des guêpes vibre encor,
Comme quand mes deux mains ont saisi tes mains blanches :

Et rien n’est changé, l’heure est douce, et le bois dort…
Mais tu pleures, je fuis tes grands yeux que j’aimais,
Et quelque chose en nous s’est brisé pour jamais !

Source du poème : Fernand Gregh, La Maison de l’enfance, Paris : Calmann Lévy (1900), numérisé sur Internet Archive. Le poème est page 36.

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