Étrennes aux fouteurs : les cinq sens (anonyme)

En 1793 parut Étrennes aux fouteurs, ou le calendrier des trois sexes, un recueil anonyme de vers érotiques tenant à la fois de satyre, de livre pornographique et de pamphlet révolutionnaire. Comme lieu de publication, il indique « À Sodome et à Cythère, et se trouvent plus qu’ailleurs, dans la poche de ceux qui le condamnent. »

Le frontispice arbore un ange avec la banderole ‘Foutre Libre ou Mourir’ (variation sur le slogan révolutionnaire ‘Vivre Libre ou Mourir’) et se termine par l’adage :

La crainte est la digue des sots ;
Lorsqu’on sait tout foutre on se fout des propos

La préface est un poème attaquant de façon obscène Marie-Antoinette (‘une autrichienne en ru’), la royauté et les autorités. Suivent des poèmes et maximes érotiques. J’ai choisi le premier, sans message politique, qui décrit crûment une orgie familiale ; j’ai conservé l’orthographe du 18e siècle, mais j’utilise la typographie moderne, en particulier pour la lettre ‘s’.

Les cinq sens,
ou les trois générations.

AIR : Du serin qui te fait envie.

QUE sur moi l’on dise anathême,
Que le foutre des cardinaux,
Que celui du pape lui-même,
Et de tous les chrétiens dévots,
Soit autant d’eau-forte brûlante ;
Qu’un bénitier large & profond
En reçoive la masse ardente,
Et qu’on m’y plonge jusqu’au fond.

Que les couillons, par des tenailles
Un par un me soient arrachés !
Que de Paris jusqu’à Versailles
Tous mes boyaux soient alongés !
Oui, je souffrirai sans murmure
Ce martyre encore inoui,
Si l’on peut prouver l’imposture
Des faits que je retrace ici.

Je les tiens de fille ingénue
Qui, n’ayant encor que treize ans,
M’a dit avoir été foutue
Par un vieillard à cheveux blancs.
» Ce vieillard, dit-elle, est mon pere.
» Vous pâlissez à cet aveu !…
» Ecoutez, ajouta Glycere,
» C’est beaucoup, mais c’est encor peu.

» Tandis que le bonhomme en nage
» Foutoit sa fille avec ardeur ;
» Tandis qu’à cet apprentissage
» Il façonnoit mon tendre cœur ;
» Mon jeune frère, par derriere,
» Branloit les couilles à papa ;
» Ecoutez, ajouta Glycere,
» Ce n’est rien encor que cela.

» Car, tandis que mon jeune frere
» Chatouilloit, comme je l’ai dit,
» Les deux couillons de notre pere
» Qui me foutoit, Dieu soit béni,
» Survint à point notre grand’mere
» Qui, pour entrer à l’unisson,
» Branla, d’une dextre maniere,
» La pine à son petit garçon. «

— J’allois m’exhaler en reproche ;
J’allois fuir cet être maudit ;
Mais soudain Glycere m’accroche
En disant : » je n’ai pas tout dit :
» Observez que notre grand’mere,
» En branlant son petit garçon,
» S’étoit retroussé le derriere,
» Et qu’un chien lui léchoit le con. «

Illustration du poème 'Les cinq sens' dans Étrennes aux fouteurs
Illustration du poème ‘Les cinq sens’ dans Étrennes aux fouteurs – provient de Gallica

Source du poème : Étrennes aux fouteurs, ou le calendrier des trois sexes. Orné de jolies figures en taille douce. À Sodome et à Cythère, et se trouvent plus qu’ailleurs, dans la poche de ceux qui le condamnent (1793). L’ouvrage est numérisé sur Gallica, et une transcription hypertexte est donnée sur Wikisource.

L’illustration ci-dessus provient également de Gallica, on la trouve aussi sur Wikimedia Commons.

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