Dans des articles précédents, j’ai présenté le poète Émile Blémont (1839–1927) et son recueil Les pommiers en fleur : idylles de France et de Normandie, publié en 1891, avec des poèmes sentimentaux sur les jeunes filles et l’amour choisis dans la première partie de celui-ci, Les matins d’or et les nuits bleues. La deuxième partie du recueil, Chansons des champs, traite également de l’amour, mais sur un ton plus sensuel : il y est question de jolis seins et de baisers. Voici deux poèmes de celle-ci, typiques de cette veine.
Françoise, aux « tétins de framboise » et au « fin duvet de pêche », est probablement une jeune adolescente. Qui ne tomberait pas amoureux d’une fille aussi belle ?
X
FRANÇOISE
Amis, chantons Françoise,
Ses tétins de framboise,
Son rire sans pareil,
Ses yeux clairs, sa voix fraîche.
Son fin duvet de pêche,
Ses cheveux de soleil !
Que Françoise m’est chère !
Quelle grâce légère,
Quel charme naturel !
Elle est simple à merveille,
Vive comme une abeille,
Douce comme du miel.
A la voir, à l’entendre,
On a le cœur plus tendre
Qu’un rossignol au bois :
Ne vaut-il pas mieux être
Son cher seigneur et maître
Que l’héritier des rois ?
Nicole, ce sont les premiers baisers, « derrière l’école », les amoureux sont probablement très jeunes.
XXIX
NICOLE
I
Une fois, deux fois,
J’embrassai Nicole,
Une fois, deux fois,
Derrière l’école,
Puis, une autre fois,
Tout au fond des bois.
II
La première fois,
Ce fut par surprise ;
La seconde fois,
Nicole était grise ;
La troisième fois,
Elle a ri, je crois.
III
La troisième fois,
Elle a ri, Nicole !
La troisième fois,
La petite folle
M’a dit, à mi-voix
« — Encore une fois ! »
Émile Blémont (de son vrai nom Léon-Émile Petitdidier) est inhumé au cimetière du Père-Lachaise, dans la 11e division, chemin Méhul.
Source des poèmes : Émile Blémont, Les pommiers en fleur : idylles de France et de Normandie, Charpentier, Paris (1891), sur Gallica (disponible en PDF).
Précédemment publié sur Agapeta, 2016/01/12.