Fleur de lune

Christian Schloe
Christian Schloe – from tuttartpitturasculturapoesiamusica.com

Estelle et Robert se rejoignent sous la lune. Le cœur de la jeune fille déborde de questions auxquelles le sage devra répondre.


La nuit bleue se lève,
C’est l’heure des rêves.
Mon cœur à l’écoute
Se sent pris de doutes
Sur le sens de l’amour.
Le monde semble sourd
Quand ma douleur je crie.
Mon ami, je vous prie,
Soyez ma réponse !
Car je vous l’annonce,
Je suis votre question,
Brûlante de passion,
Toujours je me pose.
Éclairez ma cause
Avant qu’en temps certain
Ne tombe le matin.


Je vous dirai tout,
Douce et tendre enfant,
Car je suis à vous
Éternellement.
Le songe est si doux
Quand vos yeux brillants
S’accrochent à mon cou
Si passionnément.

Salvador Dalí - Cygnes reflétant des éléphants
Salvador Dalí – Cygnes reflétant des éléphants (1937) – Fundació Gala-Salvador Dalí

levant les yeux vers lui
Donnez-moi un cygne d’étang.


Près des étangs du cygne il y a une fée de neige qui fait l’amour avec les feuilles mortes. Elle se serre les seins sous ses draps de perle, ses draps de rosée matinale. Quand finit la nuit, elle se couvre de brume pour mieux écouter le chant des oiseaux de verre, et ses cheveux de blé oublié se perdent dans le vent.

un bonbon en bouche
Qui vais-je aimer,
Et qui m’aimera ?
Ceux de mon âge ?
Sots et ignorants,
Ils ne m’aprendront
Jamais rien.


Non, ceux plus âgés,
Dont on choisira
Un des plus sages.


Mais mes enseignants
Jamais ne seront
Mes amis, les miens.


Donner un baiser,
Prendre dans vos bras
La tendre image
De vos sentiments.
Voyez qui est bon,
Qui vous veut du bien.


Famille soudée
Jamais ne sera
Autre qu’otage.
Toujours mes parents
Me commanderont.
C’est un mauvais lien.


Vous embrasserez
L’ami qui vient
Sans une cage,
Merveilleuse enfant.
Vos baisers bonbon
Goûteront les siens.

les mains ouvertes, les paumes vers l’avant
Ami désiré,
Je vous offre là
Sur un nuage
Mon amour brûlant.
Je vous en fais don,
Prête je me tiens.

Félix Bracquemond - Le baiser, d'après Toulmouche
Félix Bracquemond – Le baiser, d’après Toulmouche (1857) – The New York Public Library Digital Collections

Long et doux baiser
D’un bonbon partagé
De bouche à bouche
De langue à langue

songeur
Baisers Bonbon, c’est le roman d’amour fou des libellules effleurées, c’est la céladonie des prés timides où le romarin ne pousse qu’avec permission, c’est une jeune fille qui rit sous la pluie, enfant de joie embrassant le monde et embrasant mon cœur, c’est l’été des caresses et l’hiver de la tendresse, le chant d’amour des pélicans aveugles, voici venir la vie, belle dans sa robe de jour, et je perds mes cheveux à écouter le vent. Baisers Bonbon, un amas de draps et de caresses…


Comment aimer ?
Dites-moi.


Qui connnaît l’équation de l’amour ? Aucune boussole ne fonctionne en ce domaine.


Dites-moi. Sans ambages, sans nuages.


L’amour, une demeure d’illusion plus vraie que toute demeure réelle, car les choses trop réelles restent pétries de mirages malsains. Rejoignez la demeure de rêve qui flotte sur la mer de vos désirs.


Est-ce tout ?


Unissez toutes les passions, des sens, des sentiments, de la poésie. Aucun objet, aucun attribut, aucun acte ne doit voiler le lien avec votre aimé. Ne pensez pas à vous préserver, plongez tête baissée. Quand vous donnerez, vous recevrez.

le regard gourmand
Encore ! Encore, encore !


Ne jamais aimer
En consommateur,
Jamais performant,
Ni comptant les points.
Aucun fétiche,
Aucune prime,
L’amour est gratuit.
Soleil d’un regard,
Mélodie des doigts
De la main qu’on baise…
Extase des vers,
Chanson du plaisir,
L’amour poète
Toujours chercheras.

couchée
Oh, c’est la pleine lune…
La lune est pleine aujourd’hui.
Quand la lune se lève
Et éclipse le soleil,
La nuit naît en beauté
Et mon cœur tendre s’éveille.

Introitus apertus ad occlusum regis palatium

rêveuse
Entrée secrète,
Trésor caché,
Seul l’élu peut y pénétrer
Et en briser le sceau.
La joie se répand
Quand les deux chercheurs de lumière
Chantent à l’unisson.
Entrez ! Goûtez !
Plus rien ne nous retient.


Lune de verre, trésor des poètes, je la bois au petit matin.


J’aime la lueur de votre regard dans mon verre.
Je ne me lasse pas d’écouter le champ du signe, il y pousse des fleurs énigmatiques qui me regardent avec une question. Mais je ne peux pas y répondre.


La question suffit, éternelle et diaphane, la réponse la trouble de son opacité.

Précédemment publié sur Agapeta, 2016/06/10.

One thought on “Fleur de lune

  1. Rien n’est plus beau que ce dialogue entre cette jeune fille et ce sage. Les questions de l’une et les réponses de l’autre se complètent à merveille. J’envie le sage de pouvoir être en charmante compagnie.

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