Poets and Lovers vit depuis deux ans, fleur fragile au futur incertain, soumise aux menaces d’un environnement hostile. Elle peut mourir, mais elle renaîtra alors certainement.
Que devient la poésie ? La belle langue est torturée par le sabir armé de croisillons, l’impatience du message rapide, le nouveau langage bureaucratique inclusif… La pensée étouffe sous l’aveuglement de l’immédiat, le discours creux des fausses évidences, l’automatisme de la conformité. La sensibilité s’abrutit dans le pathos impuissant des drames à la mode et ses échos d’indignation superficielle.
Et l’amour ? Une guerre souterraine fait rage sur le futur de celui-ci. D’un côté, la puissante armée de la performance, avec sa hiérarchie, ses normes et ses interdits, traînant un inévitable cortège de violences. De l’autre la résistance souterraine d’Éros, la force du plaisir et de la liberté pour tous, sans exception, la poésie débridée et insolente du bonheur qui ne se soumet à aucune convention.
Poésie torturée, passion dénigrée et mise sous clé. Police de la pensée et police de l’amour, police partout, conformité et bienséance. On nous écrit une histoire hideuse, recouvrant la beauté d’une boue nauséabonde.
Mais sous cette épaisse couche de saleté, une autre vie se prépare : écart absolu, désir de l’interdit, refus d’obtempérer, explosion intérieure ; la liberté ne plie pas, la révolte sourd subrepticement. Elle éclatera au grand jour et vous en serez frappés de stupeur. Ainsi s’écrira une nouvelle histoire, merveilleuse et poétique.
Scandaleuse liberté
La liberté est un mystère
Unissant passé et futur.
L’amour est un oiseau étrange
Qui refuse de vivre en cage.
Un vieillard et une fillette
S’en vont tendrement enlacés :
La jeunesse et l’âge s’attirent,
Les extrêmes se sont aimés.
Je cherche le trésor sacré,
Caché dans l’écrin interdit…
Trésor rouge, bijou d’amour,
C’est la lune qui nous sourit.
Nous sommes enfants de la nuit,
Les étoiles tombent sur nous
Et resplendissent sur nos fronts.
Ma belle, je bois ton plaisir.
Le trésor rouge de ta fleur
S’offre à mes baisers déchaînés,
C’est le bonheur dans ta corolle.
Rien n’est plus beau que le péché.
Baisers de feu, lèvres brûlées,
Corps explosés sous les caresses,
Osons libérer l’avenir :
La vie sourit à nos scandales.
L’amour a ouvert d’autres portes
Dévoilant d’effrayants mystères,
Il inverse toutes les règles.
La liberté vous a giflé.
Les surréalistes ? J’ignore à quels écrits vous faites allusions, est-ce traité dans votre blog ? (Au passage, merci. Il est réconfortant de trouver sur la toile une expression pure d’un sentiment associé à l’infâmie.
Non, je n’ai pas beaucoup parlé des surréalistes dans ce blog, il y a cependant quelques articles plutôt critiques sur Breton. Mais j’ai lu ailleurs que les dadaïstes et les surréalistes osaient beaucoup de choses considérées comme choquantes à l’époque.
La maigre consolation, c’est que Eros et Agape existaient hier malgré d’autres formes de polices de pensée, de mœurs et d’amour ; la survivance des lucioles dans les ténèbres d’autrefois doit convaincre de leur survivance dans l’obscurité d’aujourd’hui.
Merci pour votre optimisme. Mais quand je vois ce qu’osaient les surréalistes d’il y a cent ans et les libres penseurs des siècles précédents, je me dis que les contestataires actuels sont bien timorés…