Voici un beau poème d’amour, tendre et sensuel, provenant du recueil de vers Le Livre d’Heures de l’Amour (1887).
LE BAISER
LES autres jusque là je les avais surpris,
Mais tu l’as bien voulu, laisse-moi me le dire,
Ce baiser savoureux, posé sur ton sourire,
Et dont je sais la gloire et l’ardeur, — tout le prix !
J’ai donc lu la bonté dans tes yeux attendris
Où l’éclair de l’orgueil a coutume de luire,
Et je n’ai pu parler, las d’un trop long martyre,
Mais mon cœur était plein de délice, et de cris !
Oh ! ce baiser ! je veux en éterniser l’heure,
Pour retrouver un jour, un des jours où l’on pleure,
Ma joie enclose ici, fière et vivante encor !
Oui, sur ma lèvre en feu ta lèvre s’est empreinte,
Tes deux bras m’ont pressé parmi tes cheveux d’or,
.... Et mes deux bras mourants n’ont pas rendu l’étreinte.
Source du poème : Jean Aicard, Le Livre d’Heures de l’Amour, Paris : A. Lemerre (1887), numérisé sur Internet Archive. Le poème est page 23.