Le poème qui suit fut publié le 26 Janvier 1845 dans L’Artiste sous la signature de Privat d’Anglemont. Mais on l’attribue généralement à Baudelaire. Il fait partie de ses Poèmes retrouvés, une collection regroupant des vers parus soit anonymes, soit signés d’Ernest Prarond ou de Privat d’Anglemont.
Il évoque une petite fille vivant dans la nature comme une sauvageonne, devenue ensuite une riche dame de la bonne société à Paris.
A IVONNE PEN-MOORE
signé Privat d’Anglemont
attribué à Charles Baudelaire
Te souvient-il, enfant, des jours de ta jeunesse,
Et des grandes forêts où tu courais pieds nus,
Rêveuse et vagabonde, oubliant ta détresse
Et laissant le zéphir baiser tes bras charnus ?
Tes cheveux crespelés, ta peau de mulâtresse
Rendaient plus attrayants tes charmes ingénus :
Telle avant ses amours Diane chasseresse
Courait dans la bruyère et sur les monts chenus.
Il ne reste plus rien de ta beauté sauvage ;
Le flot ne mordra plus tes pieds sur le rivage,
Et l’herbe a recouvert l’empreinte de tes pas.
Paris t’a faite riche entre les plus hautaines.
Tes frères les chasseurs ne reconnaîtraient pas
Leur sœur qui, dans ses mains, buvait l’eau des fontaines.
Alexandre Privat d’Anglemont (1815-1859), écrivain mineur et bohème excentrique, est connu surtout pour deux livres d’anecdotes sur Paris. Auguste Poulet-Malassis, l’éditeur de Baudelaire, rapporte que Privat d’Anglemont signa de son nom des vers de Charles Baudelaire, Théodore de Banville et Gérard de Nerval.
Source du poème : Œuvres complètes de Charles Baudelaire, Juvenilia, Œuvres posthumes, Reliquiæ, Volume I, édité par Jacques Crépet. Louis Conard, libraire-éditeur, Paris (1939). Version numérisée sur Internet Archive et Wikisource (voir pp. 40 et 41).
Est-ce qn sait par hasard si cette Ivonne Pen-Moore était une personne réelle (peut-être portant un autre nom dans la vie réelle) ou si elle est une pure invention fantastique de la créativité de Baudelaire (ou Privat d’Anglemont)?
Merci de renseigner, si possible !
Je ne sais rien de plus que ce que j’ai écrit dans l’article.
Saint Frusquin
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Le diable à Saint Frusquin proposa la richesse.
L’ermite a répondu : «Je veux rester pieds nus,
Si j’avais de l’argent, je serais en détresse,
Et mon âme craindrait mille maux inconnus.»
Le démon dit alors: «Veux-tu qu’une maîtresse
Te fasse découvrir des plaisirs ingénus ?»
Le saint n’avait besoin de nulle enchanteresse,
N’abritant nul désir sous son crâne chenu.
Avec le tentateur il partage un breuvage
Dont il venait d’avoir un nouvel arrivage,
Puis un peu de pain dur en guise de repas.
De cet homme de Dieu la voix n’est pas hautaine,
Le démon l’a tenté, ça ne le gêne pas,
Tous deux lavent leurs mains dans l’eau de la fontaine.
Merci pour votre contribution. Néanmoins, je ne vois pas le rapport entre votre poème et le sujet de l’article.
C’est juste une fantaisie sur les mêmes rimes que votre exemple 🙂