La fleur du dixième jour (deuxième version)

La fleur qui s’ouvre est une porte sur le jardin des délices. Jour après jour, elle s’ouvre, nouvelle porte, menant à d’autres délices.

Première porte, s’ouvrant dans un mur,
Passage secret vers l’amour obscur.
Je t’ai entrevue, petits pas au loin ;
Instant magique où mon cœur t’a rejoint.
Je vis désormais pour une inconnue…
Merveilleuse enfant, j’attends ta venue.

Deuxième porte, s’ouvrant à la vie,
La fleur du beau jour où je te revis.
Tu m’as regardé de tes grands yeux noirs,
Transperçant mon cœur, lui rendant espoir.
Tu m’as enchaîné avec tes dix ans,
C’est l’esclavage le plus séduisant.

Harris & Ewing - Helen Minnegerode
Harris & Ewing – Helen Minnegerode – historyinphotos.blogspot.fr

Troisième porte, journée si exquise
Quand tu vins vers moi, mon amour cerise,
Le regard brillant, me prendre la main.
Je veux caresser tes joues de carmin,
Tes cheveux de jais aux dix mille mèches,
Ma belle, ma douce aux beaux yeux de pêche.

Quatrième porte du sentiment blanc.
Tu t’accroches à moi, de tes doigts tremblants.
Ta tendre bouche promise aux baisers
S’est approchée, mais je n’ai pas osé.
T’ai-je donc vraiment donné mon amour,
Ma douce, ma belle aux doigts de velours.

Cinquième porte, désir exigeant.
Alors tu as ri, rivière d’argent ;
Serrée contre moi, tu as réclamé
Avec tes lèvres le dû de l’aimée.
Je t’embrasserai jusqu’à en mourir,
Ma sœur, ma flamme, ma fleur de plaisir.

Catherine Demongeot, Zazie dans le métro
Louis Malle – Catherine Demongeot dans Zazie dans le métro (1960)

Sixième porte, d’une enfant aimée,
Brûlante passion toujours diffamée,
Qui n’a pas le droit de dire son nom ;
De nous enlacer nous nous retenons.
Éternel désir de nos jours sans fin,
Ton cœur de dix ans reste sur sa faim.

Septième porte, l’amour occulté
Brûle invisible dans sa pureté.
Longs et doux baisers aux tendres caresses,
Ton regard perdu cherchant notre ivresse,
Nous avons goûté au plaisir honni
Quand nos âmes en feu se sont réunies.

Huitième porte de tes doux mystères,
Mon chant s’est éteint, je vais donc me taire.
Je sombre sans fin, pris dans la tourmente
De ta nudité si étincelante.
Bouche soumise, je sers ton bonheur,
Je te respire, mon ardente fleur.

Paul Peel – A Venetian Bather
Paul Peel – A Venetian Bather (1889) – Pigtails in Paint

Neuvième porte, rivière carmin,
Tes yeux dans mes yeux, tes mains dans mes mains,
Tu m’as demandé tout l’amour groseille
Des longs pétales de ta fleur vermeille.
Au neuvième jour je t’ai donc cueillie ;
Plaisir doux-amer, ta joie a sailli.

Dixième porte de l’enchantement,
Ainsi nous sommes devenus amants,
Sans cesse cachés des haineux croisés
Qui se repaîtront des amours brisés.
Fleur immortelle du dixième jour
De tes dix ans, viens, merveilleux amour.

Rammstein – Mein Herz Brennt, Piano Version (Official Video)

Dans la vie, chacun a reçu sa place.
L’heureux voyageur de première classe,
C’est l’amour béni, mariage sacré.
Vient en seconde l’amour toléré.
Mais le passager clandestin caché
À fond de cale est appelé péché.

Une première version de ce poème a été publiée sur Agapeta, 2016/11/17.

2 thoughts on “La fleur du dixième jour (deuxième version)

  1. “Zazie dans le Metro”, 1960 film by Louis Malle.
    At a Paris railway terminus, Gabriel greets his sister Jeanne, who leaves her 10 yr old daughter Zazie with him and goes off with her latest lover. Gabriel takes the child out to the taxi of his friend Charles, to Zazie’s dismay because she wants to go on the Métro but it is on strike. They arrive at Turandot’s café, above which Gabriel lodges, and he hands the child over to his wife Albertine, who puts her to bed. Gabriel gets himself ready to go to work, on the way out getting into a dispute with Turandot, who is appalled by Zazie’s precocity and filthy language.
    https://www.kinopoisk.ru/picture/1406468/#1406468

  2. Though Stanley Kubrick eventually cast 14 year old Sue Lyon as Lolita in his 1962 controversial landmark film.

    Years later, Vladimir Nabokov, author of the 1955 French-published sensational novel (finally a US released best-seller in 1958), said that he thought the ideal 12 year old for the first Lolita film, would have been Catherine Demongeot.

    While 13 year old ‘Wild Child’ Tuesday Weld (by 1959 already dating mature Hollywood stars like Frank Sinatra, Raymond Burr, and John Ireland), had replied when asked by her mother to test for Kubrick, “No thanks. And I don’t need to test – I AM Lolita!”

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