De Quincey et la petite fille misérable, d’après Baudelaire

Zhenya Gay - illustration for Confessions of an English Opium-Eater by Thomas De Quincey
Zhenya Gay – illustration pour Confessions of an English Opium-Eater by Thomas De Quincey (1950) – The Heritage Press, New York

Après le recueil de poèmes Les Fleurs du mal, l’œuvre la plus célèbre de Charles Baudelaire est l’essai Les Paradis artificiels, publié en 1860, consacré à l’usage récréatif des drogues, plus précisément du haschisch et de l’opium. Il connut un large succès, il reste un exposé classique des effets de la drogue, comme l’exaltation, puis la dépendance et la souffrance. D’ailleurs l’expression “paradis artificiels” est couramment utilisée pour désigner l’utilisation de drogues (en particulier hallucinogènes) pour stimuler l’imagination ou enivrer les sens. CONTINUE READING / CONTINUER LA LECTURE…

Un Inuit romantique, par Peter Freuchen

Peter Freuchen and Knud Rasmussen
Peter Freuchen et Knud Rasmussen – Photo: Arktisk Institut

L’explorateur et ethnologue Peter Freuchen (1886–1957) vécut longtemps dans le Nord-Groenland, l’explora de fond en comble, commerçant avec les Inuits et se liant d’amitié avec eux. Il épousa même une fille Inuite, Navarana. Vivant dans l’environnement le plus hostile de la Terre, les Inuits avaient sur de nombreuses questions un point de vue très pragmatique. En particulier ils considéraient le mariage comme l’association économique et familiale d’un homme et d’une femme, certes basée sur des liens de solidarité, mais n’impliquant aucune fidélité amoureuse ou sexuelle ; souvent les hommes se prêtaient mutuellement leurs épouses pour des motifs purement utilitaires, et une femme pouvait considérer la prostitution avec les Européens comme une simple affaire commerciale, obtenant en cela l’approbation de son mari. CONTINUE READING / CONTINUER LA LECTURE…

Le beau navire, par Charles Baudelaire

William Stott of Oldham
William Stott of Oldham – Wild Flower (1881)

En août 1847, Baudelaire eut une liaison avec Marie Daubrun, née en 1827 sous le nom de Marie Bruneau. Plusieurs poèmes de son recueil Les Fleurs du mal lui sont consacrés, dont celui-ci, où il la décrit comme une jeune adolescente, à la fois enfant et femme. On notera que les trois premières strophes sont répétées dans les quatrième, septième et dixième. CONTINUE READING / CONTINUER LA LECTURE…

Deux poèmes de Choderlos de Laclos adressés à Mademoiselle de Sivry

William-Adolphe Bouguereau - Une vocation
William-Adolphe Bouguereau – Une vocation (1896) – provient de Art Renewal Center

Philippine de Sivry (1775-1851), écrivaine française, publia sous son nom d’épouse, Madame de Vannoz, plusieurs ouvrages, le plus connu étant Épitres à une femme sur la conversation, ou Conseils à une femme sur les moyens de plaire dans la conversation, publié chez Michaud en 1812.

Enfant précoce, elle écrivit des poèmes dès l’âge de huit ans, et devint la coqueluche des salons parisiens. Elle attira l’attention de Choderlos de Laclos, qui lui dédia deux poèmes, qu’on retrouve dans son recueil de vers publié en 1908 par Arthur Symons et Louis Thomas. CONTINUE READING / CONTINUER LA LECTURE…

À une mendiante rousse, par Charles Baudelaire

Émile Deroy - La petite mendiante rousse
Émile Deroy – La petite mendiante rousse (c.1843–1845) – provient de Wikimedia Commons

Charles Baudelaire (1821–1867) représente le prototype du “poète maudit” et il anticipe les “décadents” de la fin du 19e siècle. Son chef-d’œuvre, le recueil de vers intitulé Les Fleurs du Mal, explore l’érotisme, la débauche, le vin et la drogue, mais également le dégoût et l’expiation. La première édition, parue le 25 juin 1857, comprenait 100 poèmes (plus un non numéroté en introduction, adressé “Au Lecteur”). Le 20 août, Baudelaire et son éditeur furent condamnés pour « outrage à la morale publique », six des poèmes furent interdits, et l’édition fut saisie. Les éditions suivantes (1861, 1866 et 1868), sans ces six pièces censurées, changèrent l’ordre des poèmes et en inclurent de nouveaux. L’œuvre fut finalement réhabilitée le 31 mai 1949 par la Chambre criminelle de la Cour de cassation. CONTINUE READING / CONTINUER LA LECTURE…

Minou Drouet, le génie écrasé de l’enfance

Roger Hauert - Minou Drouet
Roger Hauert – Minou Drouet – dans Poèmes (1956)

Enfant intelligente et extrêmement sensible, esprit libre et immensément créatif, Minou Drouet irritait de nombreux adultes. Plusieurs crièrent à l’imposture, affirmant qu’elle ne pouvait en aucun cas être l’auteur des poèmes et lettres publiés sous son nom. Certains la considéraient comme un monstre ou un animal de cirque. D’autres essayaient d’en faire une petite fille normale ou un poète comme les autres. CONTINUE READING / CONTINUER LA LECTURE…

Les Chants de Maldoror, par Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont

Blanchard - Isidore Ducasse
Blanchard – Isidore Ducasse (1867) – trouvé en 1977 by Jean-Jacques Lefrère à Bagnères-de-Bigorre

Isidore Ducasse, plus connu sous son nom de plume Comte de Lautréamont, est considéré comme un précurseur du dadaïsme et du surréalisme. En effet, son œuvre principale, Les Chants de Maldoror, une sorte de long poème en prose découpé en 6 ‘chants,’ alterne monologues poétiques, petites scènes de théâtre ou encore histoires courtes. Centrée sur le personnage de Maldoror, un homme rejeté de tous et voué au mal, elle met en scène les fantasmes les plus débridés de l’auteur, sans la moindre concession à la morale et la bienséance, ni même à la cohérence ou la logique. Elle témoigne aussi de son imagination fertile, usant d’images et de métaphores entrechoquant des objets a priori fort éloignés, notamment dans ses célèbres comparaisons « beau comme… » : CONTINUE READING / CONTINUER LA LECTURE…