Je poursuis ici l’exploration du premier album 33 tours de Jean-Michel Caradec, Mords la vie. Après « Tendre Garance » et « Mille sarabandes », je présente aujourd’hui « Petite sœur des rivières », sa 6e chanson empreinte d’un érotisme subtil.
Son évocation de l’amour charnel se fait à travers de belles métaphores poétiques : « Couche dans le lit / Des nuages », « Je te déshabille / Et je suis dans ta main », et surtout la sublime strophe du baiser : « Posé sur ta bouche / Un oiseau de la nuit / Qu’il batte des ailes / Si tu touches à son nid ».
La chanson commence avec les jouets d’enfance d’un garçon et d’une fille, mais la porte de cette enfance ne s’est pas refermée : « J’ai vidé la malle / En osier du vieux temps / Que j’ai mal fermée / Lorsque j’étais enfant ». Les deux amants, proches depuis toujours (« Petite sœur des rivières »), mêlent ainsi leurs expériences amoureuses à leur enfance et à ses jeux. D’ailleurs, la phrase « Tant pis si / Je ne suis pas sage » se réfère au langage utilisée par les adultes pour discipliner les petits enfants.
J’ai choisi la vidéo suivante sur YouTube :
Voici les paroles, reprises du site officiel de l’Association des Amis de Jean-Michel Caradec :
Petite sœur des rivières (1973)
par Jean-Michel Caradec
Mes chevaux de bois
Tes poupées de carton
Mes trains électriques
Et mes soldats de plomb
J’ai vidé la malle
En osier du vieux temps
Que j’ai mal fermée
Lorsque j’étais enfant
Petite sœur des rivières
Éteins la lumière
Couche dans le lit
Des nuages
Ouvre la fenêtre
Et laisse entrer le froid
Tant pis si je ne
Suis pas sage
Referme tes doigts
Sur la bouche qui mord
Petite sœur des rivières
Éteins la lumière
Le voleur de Pâques
Est tombé en chemin
Je te déshabille
Et je suis dans ta main
Posé sur ta bouche
Un oiseau de la nuit
Qu’il batte des ailes
Si tu touches à son nid
Petite sœur des rivières
Éteins la lumière
Je terminerai en mentionnant la 3e chanson de l’album, « Terre des roses », dont les paroles ont été écrites par Jean-Claude Collo (Jean-Claude Hached). On peut l’entendre sur YouTube.
La première strophe évoque les jours heureux, comme au festival musical de Woodstock en 1969, où les enfants nus se promenaient au milieu des adultes sans choquer ceux-ci :
Un jour des enfants nus
Aux couronnes de fleurs
Traverseront des rues
Parfumées de douche
Ruisselants de soleil
Ils lèveront les yeux
Vers le ciel pour nous
Ils chanteront en chœur
Ensuite, le refrain rêve d’un monde prodiguant l’amour et de la vie pour tous :
Terre, Terre, Terre des roses
Nous referons un paradis
Où tous les êtres, toutes tes choses
Chanteront l’amour et la vie
Cette chanson me rappelle le poème « A Little Girl Lost » de William Blake, qui revendique le droit à la nudité et à la liberté de l’amour pour les enfants.
Cet article développe une partie d’un texte précédemment publié sur Agapeta, 2015/11/11.
Très belle photo : la beauté dans toute sa splendeur.
Une photo absolument ravissante.