Nicolas-Germain Léonard (1744–1793) est un poète idyllique français. À dix-huit ans il fut, comme poète, couronné par l’Académie de Rouen pour une pièce sur les idées religieuses. Né en Guadeloupe, il y retourna à plusieurs reprises, et la postérité lui a reproché d’en dresser un tableau « champêtre », ignorant la cruauté de cette société basée sur l’esclavage dans les plantations ; son œuvre relèverait aussi d’un exotisme colonial à destination d’un lectorat métropolitain.
En 1775, il fit paraître une édition de ses Idylles et Poëmes Champêtres et, en 1782, une nouvelle édition publiée à La Haye. J’y ai choisi, dans la section Chansons et Romances, le deuxième poème, une chansonnette traitant d’amourette et de baisers volés entre deux enfants. J’en ai conservé l’orthographe ancienne.
AIR : Comm’vlà qu’est fait ?
UN Berger rencontrant Lisette,
Lui dit, veux-tu me suivre au bois ?
On y va cueillir la noisette ;
On y danse au son du hautbois ;
Il prit le bras de la Bergere,
Qui lui résistoit mollement :
Au bois, dit-elle, qu’ai-je affaire ?
Laisse, laisse-moi donc, vraiment !
Maman l’défend ! (bis.)
Tout en lui résistant, Lisette,
Suivoit le Berger dans les bois,
Et tout en cueillant la noisette,
Colin l’agaçoit quelquefois ;
Il saisit sa main & la baise :
Lise soupire doucement,
Et sans montrer qu’elle en soit aise,
Lui dit : laisse-moi donc, vraiment !
Maman l’défend. (bis.)
La Bergere un peu moins farouche,
Avoit abandonné sa main,
Et bientôt Colin, sur sa bouche,
S’avisa d’un plus doux larçin :
Lise lui dit, tout en colere,
Laisse, laisse-moi donc, vraiment !
Un second baiser la fit taire ;
Elle dit encor foiblement :
Maman l’défend. (bis.)
Admirez le progrès rapide
Qu’amour fait dans un jeune cœur !
Ce n’est plus Lisette timide,
Et luttant contre son vainqueur.
Au Berger, par un doux caprice,
Elle donne un baiser charmant :
Colin s’écrie avec malice ;
Laisse, laisse-moi donc, vraiment !
Maman l’défend ! (bis.)
Source du poème : Idylles et Poëmes Champêtres, par M. Leonard (1775), numérisé sur Google Books. Le poème est page 201. Il a été transcrit dans la collection Amours Enfantines de François Lemonnier.