Minette (anonyme)

William-Adolphe Bouguereau - En pénitence
William-Adolphe Bouguereau – En pénitence (1895) – provient de Art Renewal Center

Le Parnasse satyrique ou Parnasse des poètes satyriques, un recueil de textes licencieux rassemblant différents poètes libertins et satiriques, parut à Paris en 1622 et déclencha un scandale, conduisant notamment à la sévère condamnation de certains de ses auteurs, dont Théophile de Viau, figure de proue des libertins.

Cet ouvrage fit des émules. En 1863 ou 1864, Poulet-Malassis, l’éditeur des Fleurs du mal de Baudelaire, réfugié à Bruxelles, publia Le Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle, recueil de vers piquants et gaillards, indiquant comme lieu de publication « Rome : à l’enseigne des sept péchés capitaux ». Ce recueil, illustré de gravures par Félicien Rops et Jules-Adolphe Chauvet, comprend des textes écrits par plusieurs écrivains célèbres, dont Charles Baudelaire, Alfred de Musset et Victor Hugo.

Puis en 1866 il publia une suite, Le Nouveau Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle, suivi d’une appendice au Parnasse satyrique, avec comme indication de publication « Eleuthéropolis : Aux devantures des librairies, ailleurs dans leurs arrières-boutiques ». Il comprend des textes écrits par divers auteurs, dont Stéphane Mallarmé, mais également nombre d’anonymes.

J’y ai sélectionné un poème libertin racontant les exploits sexuels d’une fille bien précoce.

MINETTE
Air de Risette (comédie de M. About).

I

A Paris, près de Puteaux,
Je naquis sur les copeaux,
En décembre ;
Papa faisait le maq’reau,
Maman faisait la cateau,
Dans la chambre ;
Et moi, du soir au matin,
Je m’branlais le p’tit lutin,
En cachette ;
J’espérais, en grandissant,
Trouver un petit amant,
Bien cochon, bien amusant,
Qui m’fit minette,
Minette, minette, minette !

II

Jusqu’à l’âge de quinze ans,
Pour l’honneur, ou pour six blancs,
Tête à tête,
Le soir, chez le marchand d’vin,
J’ai branlé plus d’un gandin
En goguette ;
Aux plus vieux, pour un écu,
Bien des fois, j’ai mis sur l’cu
Une omelette ;
J’ai sucé plus d’un braq’mard,
Avalant l’foutre avec art,
Heureuse quand un paillard
F’sait pour sa part
Minette, minette, minette !

III

Le poil au cul me poussant,
J’ouvris, à double battant,
Ma boutique,
Faisant entrer poliment,
Par derrière ou par devant,
La pratique.
Venez tous me foutre en con,
En cul, en bouche, en téton,
En levrette !
L’on ne solde qu’en sortant,
Si de moi l’on est content,
Quitte à me faire en partant,
Tambour battant,
Minette, minette, minette !

Source du poème : Le Nouveau Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle, suivi d’une appendice au Parnasse satyrique, Eleuthéropolis : Aux devantures des librairies, ailleurs dans leurs arrières-boutiques (1866), numérisé sur Internet Archive et sur Gallica. Le poème est page 218.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.